Docteur Geoffrey Migliardi : quelques conseils pour une bonne hygiène bucco-dentaire

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « il n’y a pas de santé sans santé bucco-dentaire », une affirmation qui souligne l’importance d’une cavité buccale saine dans l’équilibre général de l’organisme. Car si l’aspect esthétique du sourire est souvent valorisé, il ne saurait faire oublier les enjeux fonctionnels et sanitaires liés à une hygiène bucco-dentaire rigoureuse. Au-delà du brossage quotidien, il existe une série de gestes et de pratiques validés par la recherche scientifique, qui visent à préserver durablement l’intégrité des dents et des gencives. Ce guide, proposé par le docteur Geoffrey Migliardi, passe justement en revue les méthodes recommandées par la littérature médicale et les instances de santé, dans une perspective de prévention, de soin et de simplification d’accès aux bonnes recommandations actuelles..

Quelle technique adopter pour un brossage des dents optimal ?

Le brossage est l’acte central de l’hygiène quotidienne, en cela qu’il vise à éliminer la plaque dentaire, réduire le risque de caries, et prévenir les pathologies parodontales. Il ne s’agit toutefois pas d’un geste anodin, car son efficacité dépend étroitement de la technique employée, de la régularité, de la durée et du matériel utilisé.

Parmi les méthodes validées, la technique de Bass modifiée est aujourd’hui largement recommandée par les dentistes et sociétés savantes, nous explique le docteur Geoffrey Migliardi. Développée dans les années 1940 par le médecin américain Charles C. Bass, l’approche repose sur l’inclinaison de la brosse à dents à 45 degrés en direction du sillon gingival, suivie de petits mouvements vibratoires ou circulaires sans pression excessive. Ce protocole permet de désorganiser la plaque bactérienne au niveau de la jonction dento-gingivale, zone particulièrement sensible à l’inflammation (gingivite) et aux processus infectieux plus profonds (parodontites).

Eu égard à la durée du brossage, il est recommandé de se brosser les dents au moins deux fois par jour, pendant au moins deux minutes à chaque séance de brossage. Le soir, le brossage est particulièrement important, car la salivation diminue durant la nuit, réduisant la capacité naturelle de protection de la cavité buccale. Concernant le matériel, les données disponibles suggèrent que les brosses à dents électriques, notamment celles à oscillation-rotation, offrent une efficacité légèrement supérieure aux brosses manuelles pour la réduction de la plaque et des signes de gingivite (Cochrane Review, 2014). Toutefois, une brosse manuelle souple correctement utilisée reste parfaitement appropriée dans la plupart des cas.

Il convient de rappeler que l’efficacité du brossage repose moins sur la force que sur la précision et la méthode. Une pression excessive peut entraîner un recul gingival, une abrasion de l’émail et, à terme, une hypersensibilité dentaire. Un apprentissage adéquat de la technique, éventuellement accompagné par un professionnel de santé, reste un facteur clé de prévention à long terme.

Le fil dentaire, un geste complémentaire indispensable

Comme l’explique le docteur Geoffrey Migliardi, si le brossage élimine une grande partie de la plaque dentaire, il ne permet pas de nettoyer efficacement les espaces interdentaires, là où les brins de la brosse, même bien orientés, ne peuvent accéder. Ces zones sont pourtant des foyers fréquents de stagnation alimentaire, de prolifération bactérienne et d’inflammation gingivale. L’usage quotidien du fil dentaire s’impose donc comme un complément indispensable à toute routine d’hygiène bucco-dentaire. En glissant le fil avec précaution entre les dents, on retire la plaque et les débris accumulés dans ces interstices étroits, souvent invisibles à l’œil nu. Un geste qui permet non seulement de prévenir les caries proximales, mais aussi de limiter les gingivites et les atteintes parodontales.

La technique recommandée repose sur un mouvement en forme de « C », qui épouse la courbure de chaque dent. Il est essentiel de descendre doucement le fil jusqu’au sillon gingival, sans mouvement de scie ni pression excessive, afin d’éviter toute blessure tissulaire. Ce geste, réalisé de préférence après le brossage, doit s’inscrire dans une logique de soin doux mais rigoureux.

Des revues scientifiques, notamment celle publiée dans la Cochrane Database of Systematic Reviews (Sambunjak et al., 2011), confirment l’intérêt du fil dentaire en complément du brossage : son utilisation régulière permet une réduction significative de la plaque interdentaire et des signes d’inflammation gingivale. Il est important de noter que le fil dentaire ne s’adresse pas uniquement aux adultes. Dès l’adolescence, lorsque les dents définitives sont en place et que les espaces interdentaires deviennent plus étroits, son utilisation peut être introduite, sous contrôle parental si nécessaire.

L’utilisation des brossettes interdentaires pour les zones difficiles

Même un brossage rigoureux ne suffit pas à éliminer l’ensemble de la plaque dentaire. En moyenne, une brosse à dents — qu’elle soit manuelle ou électrique — ne permet de nettoyer qu’environ 60 % de la surface des dents. Les espaces interdentaires, souvent étroits et difficilement accessibles, deviennent alors des zones à risque pour le développement de caries et de pathologies gingivales.

C’est dans cette optique que les brossettes interdentaires trouvent toute leur pertinence, comme nous l’explique le docteur Geoffrey Migliardi. Conçues sous forme de petites brosses cylindriques ou coniques, elles s’introduisent entre les dents pour en retirer les débris alimentaires et la plaque qui s’y logent. Leur action mécanique douce, adaptée à la morphologie de l’espace interdentaire, en fait un outil de référence dans la prévention des maladies parodontales, notamment chez les patients à risque ou présentant déjà une atteinte gingivale.

Leur usage est particulièrement recommandé dans plusieurs cas : dents espacées, port d’un appareil orthodontique, présence d’implants ou de ponts, antécédents de parodontite. Contrairement au fil dentaire, les brossettes sont souvent mieux tolérées et plus efficaces dans les espaces larges. Leur utilisation quotidienne contribue à stabiliser l’état parodontal et à maintenir un environnement buccal sain. Les recommandations scientifiques vont d’ailleurs dans ce sens, et selon la Fédération Européenne de Parodontologie, les brossettes interdentaires doivent être utilisées en première intention chez les patients atteints de pathologies parodontales (Sanz et al., 2020).

Le bain de bouche est un complément, pas un substitut

Si le bain de bouche peut s’avérer utile dans certaines situations cliniques, il ne saurait remplacer les gestes mécaniques de base que sont le brossage et le nettoyage interdentaire. Son rôle doit donc être envisagé comme complémentaire, ponctuel ou thérapeutique, et encadré par des recommandations adaptées à chaque situation. Notez par ailleurs qu’il existe plusieurs types de bains de bouche. Certains sont purement cosmétiques, destinés à rafraîchir l’haleine ; d’autres, antiseptiques, sont utilisés dans des contextes pathologiques précis, comme les gingivites, les infections post-opératoires ou certaines atteintes parodontales. Dans ces cas, ils sont prescrits pour une durée limitée, sous supervision d’un professionnel de santé.

Le composé actif le plus connu est la chlorhexidine, un agent antibactérien puissant dont l’efficacité à court terme est bien documentée. Une revue systématique publiée dans le Journal of Clinical Periodontology (Van Strydonck et al., 2012) a montré que les bains à base de chlorhexidine peuvent significativement réduire la plaque dentaire et l’inflammation gingivale. Néanmoins, un usage prolongé sans suivi peut perturber l’équilibre de la flore buccale, entraîner des colorations dentaires, altérer le goût, et favoriser l’émergence de résistances microbiennes.

Il est donc essentiel de réserver ce type de traitement à des indications spécifiques, sur recommandation d’un chirurgien-dentiste. A l’inverse, un usage inapproprié, quotidien et non ciblé, peut se révéler contre-productif, voire délétère à long terme.

Compléter sa routine par des gestes simples aux effets durables

Si l’hygiène bucco-dentaire efficace repose sur la régularité, mais aussi sur une vigilance constante quant aux pratiques annexes qui influencent la santé de la bouche. Trop souvent négligés, ces gestes simples contribuent pourtant à préserver durablement les dents et les gencives, à commencer par le changement régulier de sa brosse à dents. En effet, il est recommandé de la remplacer tous les trois mois, ou plus tôt si les poils sont usés, car une brosse à dents déformée perd en efficacité et peut même abîmer l’émail ou les tissus gingivaux. Il est également conseillé d’en changer après un épisode infectieux (rhume, angine, grippe) pour éviter toute recontamination.

Par ailleurs, l’alimentation joue un rôle clé, car chaque grignotage sucré favorise la prolifération bactérienne en créant un environnement acide, propice à la déminéralisation de l’émail et au développement des caries. Ainsi, réduire les sucres rapides, privilégier des repas structurés et bien s’hydrater restent des piliers de prévention simples mais redoutablement efficaces nous précise le docteur Geoffrey Migliardi. Concernant le choix du dentifrice, notez que celui-ci doit contenir du fluor, un agent reminéralisant reconnu. Pour les enfants, une concentration minimale de 1 000 ppm est recommandée, tandis que chez l’adulte, elle peut aller jusqu’à 1 400 ppm. Ce dosage permet de renforcer l’émail et de prévenir les attaques acides, en particulier chez les personnes à risque de carie.

Enfin, la consultation régulière d’un professionnel reste indispensable, même en l’absence de douleurs. L’examen clinique permet de dépister précocement les pathologies, d’évaluer la qualité de l’hygiène et d’adapter les conseils à l’état de santé bucco-dentaire du patient. L’adage est bien connu : « la douleur est un signal tardif » – une raison de plus pour anticiper plutôt que subir.

Pour le Docteur Migliardi, sensibiliser le public est primordial

De nombreuses études l’ont démontré, les pathologies de la sphère buccale ne s’arrêtent pas à la bouche. Elles peuvent, lorsqu’elles sont négligées, avoir des répercussions sur l’ensemble de l’organisme, notamment en lien avec les maladies cardiovasculaires, le diabète ou certaines complications infectieuses. Dès lors, adopter les bons gestes – un brossage adapté, un nettoyage interdentaire quotidien, un suivi régulier chez le dentiste – permet de prévenir efficacement caries, gingivites et parodontites nous indique le docteur Geoffrey Migliardi. Mais au-delà des gestes techniques, c’est une prise de conscience globale qu’il convient d’encourager. La bouche ne doit pas être perçue comme un organe isolé, mais comme une interface vivante entre notre santé, notre alimentation, notre parole et notre bien-être.

Former les plus jeunes aux bons réflexes, sensibiliser les publics fragiles, lutter contre les idées reçues, démocratiser l’accès aux soins… tels sont les enjeux d’une approche de santé publique cohérente, durable et solidaire. Parce qu’« on ne naît pas avec un sourire sain, on le construit chaque jour », la prévention reste la meilleure stratégie pour garantir à chacun une bouche en bonne santé… et une meilleure qualité de vie.

Rappel des sources et publications scientifiques :
Cochrane Oral Health Group (2014, 2011)

Van Strydonck D. et al., J Clin Periodontol, 2012

Sanz M. et al., Clinical guidelines, EFP, 2020

OMS – Oral health key facts, 2023

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