Une personne qui ouvre la bouche, tire la langue et se fait examiner avec un bâtonnet en bois

Dysgeusie et problèmes thyroïdiens : au-delà du goût salé

Avez-vous remarqué des changements dans votre perception des saveurs ? Si les aliments que vous aimiez vous semblent soudain différents ou si vous percevez des goûts inhabituels, votre thyroïde pourrait être en cause. La dysgeusie – terme médical désignant les altérations du goût – constitue un symptôme méconnu mais révélateur des dysfonctionnements thyroïdiens.

Comment la thyroïde influence notre perception gustative ?

Notre sens du goût dépend d’un équilibre hormonal précis que la thyroïde contribue à maintenir. Cette petite glande produit des hormones qui régulent le renouvellement des cellules gustatives et la transmission des informations sensorielles vers notre cerveau. Tout déséquilibre dans cette production peut perturber notre capacité à percevoir correctement les saveurs.

Les hormones thyroïdiennes affectent également la composition de notre salive, élément essentiel dans la perception gustative. Une salive altérée par un dérèglement thyroïdien peut modifier la façon dont les molécules sapides interagissent avec nos papilles, créant des sensations gustatives erronées ou fantômes.

L’impact peut être bidirectionnel : une hyperthyroïdie tend à amplifier certaines saveurs, tandis qu’une hypothyroïdie peut les émousser ou les déformer. Cette relation complexe explique pourquoi les troubles du goût peuvent précéder d’autres signes plus classiques de dysfonctionnement thyroïdien.

Quel est le rapport entre un goût salé dans la bouche et la thyroïde ? Notre autre article vous en dit davantage.

Les différentes altérations gustatives liées aux troubles thyroïdiens

Si le goût salé est fréquemment rapporté par les patients souffrant de troubles thyroïdiens, d’autres altérations gustatives peuvent également survenir. Certaines personnes décrivent un goût métallique persistant, particulièrement présent le matin au réveil ou entre les repas.

L’amertume exacerbée représente une autre manifestation courante. Des aliments habituellement appréciés comme le chocolat, le café ou certains légumes peuvent soudainement paraître excessivement amers, rendant leur consommation désagréable. Cette hypersensibilité à l’amertume touche environ 40% des patients atteints d’hyperthyroïdie.

À l’inverse, l’hypothyroïdie s’accompagne souvent d’une diminution globale de la sensibilité gustative, comme si un voile s’était posé sur les papilles. Cette hypogeusie peut pousser inconsciemment à consommer des aliments plus salés ou plus sucrés pour compenser ce déficit sensoriel, avec des conséquences potentiellement néfastes sur la santé cardiovasculaire.

La parageusie thyroïdienne ou quand les saveurs s’inversent

Parmi les manifestations les plus troublantes figure la parageusie – une distorsion du goût où les saveurs sont perçues de façon incorrecte. Un patient atteint de dysfonctionnement thyroïdien peut ainsi percevoir un goût sucré comme acide, ou un aliment salé comme amer. Ce phénomène perturbant peut significativement altérer la qualité de vie et conduire à des modifications importantes des habitudes alimentaires.

La thyroïdite auto-immune (maladie de Hashimoto notamment) est particulièrement associée à ces inversions gustatives. L’inflammation chronique qu’elle génère peut affecter les nerfs responsables de la transmission des informations gustatives, créant un « court-circuit » dans l’interprétation des saveurs.

Ces anomalies gustatives fluctuent souvent en parallèle avec l’activité de la maladie auto-immune, s’intensifiant lors des poussées inflammatoires. Leur apparition ou leur aggravation soudaine peut ainsi constituer un indicateur précoce d’une exacerbation de la pathologie thyroïdienne sous-jacente.

L’impact des médicaments thyroïdiens sur le goût

Les traitements prescrits pour réguler la fonction thyroïdienne peuvent eux-mêmes modifier temporairement la perception gustative. La lévothyroxine, médicament de référence pour l’hypothyroïdie, entraîne des altérations du goût chez environ 15% des patients en début de traitement.

Ces effets secondaires gustatifs s’estompent généralement après quelques semaines d’adaptation. Cependant, ils peuvent persister chez certains patients, nécessitant parfois un ajustement de la posologie ou un changement de formulation médicamenteuse.

Les antithyroïdiens de synthèse utilisés dans l’hyperthyroïdie peuvent également modifier la perception gustative, avec une prévalence plus élevée d’environ 25%. Une perturbation du goût persistante sous traitement doit être signalée au médecin prescripteur, car elle peut refléter un surdosage ou un effet indésirable spécifique.

Est-ce possible de retrouver un goût normal ?

 

La bonne nouvelle est que ces altérations gustatives sont généralement réversibles une fois la fonction thyroïdienne normalisée. Des études cliniques montrent que 70 à 85% des patients retrouvent une perception gustative normale dans les six mois suivant l’équilibrage hormonal.

Pendant la phase de récupération, certaines approches peuvent accélérer le processus : maintenir une bonne hydratation, pratiquer régulièrement des exercices de stimulation gustative (comme goûter successivement des aliments aux saveurs contrastées), et assurer une bonne hygiène bucco-dentaire.

Pour les cas réfractaires où les troubles du goût persistent malgré un traitement thyroïdien optimal, une consultation spécialisée en neurologie ou en oto-rhino-laryngologie peut s’avérer nécessaire afin d’explorer d’autres causes potentielles ou des complications spécifiques.

Il est essentiel de rappeler que cet article fournit des informations générales qui ne se substituent en aucun cas à un avis médical professionnel. Si vous souffrez d’altérations du goût suspectes ou de symptômes évocateurs d’un trouble thyroïdien, consultez rapidement votre médecin. Un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée sont déterminants pour prévenir les complications et améliorer votre qualité de vie.

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